WHAT TO DO

Arnaud Boyer, May 31 2020

Speak white et pourquoi le Québec est le mouton noir du Canada

La relation entre le Québec et le reste du Canada a beaucoup évolué depuis 1968. La situation s’est-elle améliorée? Elle a plutôt évolué. Dans le fameux poème « Speak White », Michelle Lalonde explore la relation de pouvoir entre les anglophones et les francophones.  Après avoir vécu quatre années en Ontario et avoir compris l’attitude des Canadiens envers les Québécois, j’essaye dans ce texte d’expliquer la relation complexe et contemporaine entre nos deux nations.  

La fausse victimisation

Une chose sur laquelle je peux m’avancer sans peur est l’absence d’un sentiment d’infériorité chez les Québécois, je dirais même que les Québécois ont une réputation d’arrogance dans le reste du Canada. Au point où on se vanterait d’avoir les plus hauts chiffres de Covid. Cette attitude donne l’impression aux Canadiens que notre oppression passée et présente n’est pas cause pour se plaindre.

L’ignorance historique

Après avoir eu des discussions avec des Canadiens ayant eu une éducation dans plusieurs provinces anglophones. Ça devient évident d’où vient leur incompréhension et même leur mépris du projet d’indépendance du Québec. Simplement, l’histoire des relations entre les anglais et les francophones est ignorée. Similaire aux atrocités commises contre les Autochtones, le système d’éducation canadien préfère cacher les erreurs du passé. Évidemment on sait tous que l’ignorance est une solution de qualité pour apaiser des relations tendues. Au mieux les élèves auront une description vague des faits, sans bien sûr expliquer les conséquences à long terme.

Après avoir interviewé plusieurs jeunes adultes canadiens, je n’étais pas surpris d’apprendre leur ignorance complète de ces sujets :

Le rapport de Durham

La déportation des Acadiens

La révolte des patriotes

L’opération neat pitch

La commission keable

Le scandale des commandites

La crise d’octobre

Le serment du test

La déclaration d’indépendance du Bas-Canada

Projet Mk-Ultra

Par contre, l’histoire des méchants du FLQ est bien connus à travers la jeunesse canadienne. Discréditer un mouvement en montrant un de leurs rares moments de violence est une bonne stratégie pour influencer l’opinion publique. On le voit bien aux États-Unis en ce moment.

La réaction d’un Anglais lorsque je lui annonce mon désir de faire l’indépendance du Québec: Oh, that still exists?

Ayant été à Ottawa pendant les dernières élections fédérales, l’incompréhension par rapport au Bloc me surprend encore. Les Canadiens ne comprennent pas pourquoi ce parti existe.

L’assimilation et l’impérialisme héréditaire

L’impérialisme semble être un trait génétique fort chez tous les Canadiens. Un peu comme les hommes avec le corps des femmes, les Canadiens ont un désir de contrôle sur le Québec. Pour qu’elle raison? Je ne sais pas, mais les polémiques autour de la loi 21 nous font comprendre que l’impérialisme canadien est encore bien présent. Peu importe votre position sur la loi, vouloir empêcher une autre nation d’adopter une loi (approuvée à 70%) n’est pas un comportement démocratique ni libérale.

Le mépris contemporain

Aujourd’hui le Canadien moyen voit le Québécois comme un peuple qui profite du système et que chaque occasion est bonne pour se plaindre. Cette perspective est logique pour un Canadien puisqu’il ne comprend pas la situation québécoise, et ce n’est pas par sa faute.

Sans la connaissance historique, on peut facilement voir le Québec comme étant un enfant gâté qui ne pense qu’à lui. La réaction des autres provinces par rapport aux accords du lac Meech étant un bon exemple.

Le problème québécois

Le Québec n’aide pas nécessairement sa cause. J’ai souvent vu la haine des anglophones être très accepté dans certains milieux au Québec. Encore aujourd’hui, j’ai de la difficulté à respecter des ¨Québécois¨ qui ne parle pas un mot de français. Ouvertement harceler des anglophones à Montréal ne fait pas tourner les têtes. Cette attitude n’est définitivement pas positive à notre cause. Il s’agit d’éduquer les gens sur l’importance du Français dans notre culture et de montrer notre appréciation lors de leurs efforts d’apprentissage.

Au-delà de notre relation avec les Anglais, se concentrer sur le reste de la francophonie hors du Québec est primordial. Trop souvent les Québécois vont avoir une attitude condescendante avec le reste des franco-canadiens. On les traite souvent comme les Français nous traitent, avec un bon fond, mais tout de même avec dédains. Denise au pays des francos illustrant parfaitement ce phénomène.

La solution  

L’indépendance bien sûr!

Avant que ce projet se réalise, il faut ouvrir le dialogue avec le Canada pour leur faire comprendre notre réalité culturelle et historique. Il faut aussi bâtir des liens forts avec le reste de la communauté francophone au Canada. Malheureusement, le système canadien s’oppose farouchement à ça. Il faudra donc faire un effort au niveau individuel.

Avant qu’on arrive à éduquer les Canadiens sur la bataille de la francophonie et du Québec, nous serons toujours perçus comme le mouton noir du Canada.

J’ai beaucoup d’amour pour les Canadiens. Le but de ce texte n’est pas la haine, mais de conscientiser les gens sur la relation contemporaine que nous avons avec le Canada.

Si vous voulez en apprendre plus sur le contexte historique: https://www.7jourssurterre.com/

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Arnaud Boyer

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